nouvelle adresse électronique : contact[at]delpla.org [1]
édito précédent
Habilitation : le mémoire
sur le peintre Hitler
Bio française de Hitler en livre électronique
Aubrac : les jets de boue de Stéphane Courtois
En 1968, quand Charles de Gaulle et Georges Pompidou eurent, après bien des tâtonnements, trouvé le moyen de faire rentrer le torrent gréviste et manifestant dans son lit par l’organisation d’élections, qui transformait ipso facto les usagers du droit de grève et de manifestation en insurgés ennemis du suffrage universel, on vit l’arrière-garde étudiante scander, à l’appel notamment de Daniel Cohn-Bendit, « élections, piège à cons ! ». Or, en ce début de quinquennat hollandien où l’Elysée se perd dans l’accessoire, la droite française ne quitte plus guère le pavé parisien et semble atteinte, jusque dans le raffinement du vocabulaire, d’un mimétisme historique... tout en prétendant, comme son champion malheureux des années 2007-2012, « en finir avec l’esprit de 68 ». Un court texte écrit le 26 avril sur son blog par Ivan Rioufol, éditorialiste du Figaro, restera peut-être dans l’histoire comme la quintessence de ce temps paradoxal. Après s’être félicité des manifestations contre la loi sur le « mariage pour tous » et en avoir crédité Frigide Barjot, il appelle en ces termes à généraliser la contestation :
« Ce sujet doit désormais être dépassé au profit du refus plus général de la société léguée par Mai 68 (majuscule dans l’original). Les reculs devant les minorités protégées, le culte porté aux communautarismes, la haine de soi et du roman national sont autant de sujets capables d’élargir la mobilisation de la France réveillée. »
Si tant est qu’on puisse résumer le mouvement de mai 1968, conclu, faut-il le rappeler, par la victoire électorale d’une droite très à droite, mais obligée de réaliser bon an mal an, jusqu’en 1981, quelques réformes de société appelées par le mouvement (en matière de contraception, d’égalité de la filiation légitime et « naturelle », de droit au divorce, d’abaissement de la majorité, d’avortement... tout en différant, pour sa honte éternelle, l’abolition de la barbare et inefficace peine de mort), l’amour de la liberté semble caractériser l’esprit soixante-huitard plus que la haine de soi, l’universalisme plus que le communautarisme et le respect des minorités plus que leur protection spécifique. Quant au roman national, la jolie perle que voilà ! Rappelons que le sursaut victorieux de la droite avait adopté pour mot d’ordre la « défense de la République », censément menacée par les grévistes, plus (malgré quelques accents xénophobes, contre Cohn-Bendit notamment) que celle de l’identité française et d’un « roman national » censé la garantir, pour peu qu’il fût fourré comme un catéchisme dans la tête des écoliers. Mais surtout, l’exigence d’une refondation de l’école, petitement portée par Hollande et Peillon, ne passe certainement pas par une histoire romancée mais bien par une laïcité ouverte à toutes les connaissances, qui permette avant tout de comprendre le monde en appréhendant son passé, en Gaule et ailleurs.
Libre donc aux « défenseurs de la famille et de la civilisation » de gueuler dans les artères haussmanniennes, qui en ont entendu d’autres, leur nostalgie d’un temps où les pères reniaient leurs fils homosexuels avec la bénédiction de la ville entière, où les filles étaient violées pendant leur nuit de noces par des garçons qui avaient répété auprès des prostituées, où les couples d’accord pour se séparer s’écrivaient sous la dictée de leurs avocats des lettres d’insultes aux termes soigneusement pesés et où l’interruption volontaire des grossesses causait chaque année, en dehors des milieux qui pouvaient s’offrir une bonne clinique de Londres ou d’Amsterdam, des centaines de morts de jeunes femmes et des milliers d’irréversibles stérilités.
Montigny, le 26 mai 2013
édito suivant
Hitler et la franc-maçonnerie