HESS (RUDOLF) (1894-1987)
Fils d’un Allemand aisé expatrié en Égypte, combattant remarqué de la Grande Guerre qu’il termine dans l’aviation, Hess rencontre Hitler en 1921 et se voue rapidement à lui. Il est l’un des principaux bâtisseurs du parti nazi - dont Hitler lui confie la direction après la prise du pouvoir - et se consacre particulièrement à ses relations avec l’étranger. Lorsqu’après l’armistice franco-allemand, l’Angleterre déçoit Hitler en s’obstinant à rester en guerre, Hess va être le principal dirigeant allemand chargé de tirer au clair ses motivations et de la faire changer d’avis. On ne voit pas pourquoi ni quand il aurait commencé à s’en cacher de Hitler, alors qu’il ne faisait que mettre en œuvre un article de base de sa politique. Mais comme l’affaire s’est terminée par un stupéfiant voyage aérien vers l’Écosse et qu’alors Hitler l’a traité de fou devant de nombreux témoins, la vieille habitude de prendre au sérieux les propos des nazis lorsqu’ils ne sont pas à leur avantage continue de jouer. Tout comme Hitler, les services secrets britanniques ont été sans nul doute associés à la préparation de ce vol... mais de ce côté les choses ne sont guère plus claires, le livre récent et fouillé de Martin Allen s’appuyant sur des sources en partie douteuses. Ces services semblent avoir cherché à intoxiquer un voyageur allemand, tout en ne s’attendant pas à prendre un aussi gros poisson.
De son côté, Hess voulait probablement atterrir et repartir, mais son saut en parachute et la perte de son avion ont irrémédiablement causé son arrestation et obligé les Anglais à le garder, qu’ils le voulussent ou non. L’épisode a lieu le 10 mai 1941, au sein de grandes manœuvres nazies tendant à menacer une dernière fois l’Angleterre pour la convaincre de faire la paix, avant l’opération Barbarossa. Quasi muet au procès de Nuremberg où il simulait fréquemment l’amnésie, Hess échappa assez logiquement à la peine capitale puisqu’on ne pouvait retenir contre lui de charges criminelles précises, mais en raison de sa participation à la préparation de la « guerre d’agression » nazie, dut subir dans toute sa rigueur l’internement à vie, alors que d’autres avaient vu leur peine abrégée pour raisons de santé. Il décéda en août 1987 dans des conditions controversées.
(éditions de l’Opportun, 2010)