Qui a tué Arlozoroff ?
Grasset, 2010.
Rien ne rattache à l’Allemagne ou au nazisme l’assassinat en Palestine le 16 juin 1933 de Viktor (ou Chaïm) Arlosoroff (affublé d’un z, à l’israélienne, alors qu’on l’a toujours écrit avec un s dans l’espace francophone ou anglophone), sinon le fait que ce dirigeant sioniste avait été l’ami et vraisemblablement l’amant de la future Madame Goebbels.
Sous prétexte qu’il n’a pas été élucidé, l’auteur se permet de plaquer dessus sa vision de Magda, de Joseph et de leur maître moustachu à tous deux. Il en résulte un scénario d’une haute invraisemblance, point dépourvu de charme. D’un point de vue littéraire, pourquoi pas ? L’historien cependant, ne voit pas sa pédagogie facilitée. Il souhaiterait qu’on attende, pour maltraiter ainsi le nazisme, qu’il soit mieux connu et compris.
En matière d’antisémitisme, dès le premier texte de Hitler sur la question le 16 septembre 1919, il est question de répudier tout sentiment pour pratiquer une élimination “rationnelle”. Les Juifs, cela se tue avec ordre et méthode. De ce point de vue, il n’y a pas de raison de trucider Arlosoroff à cette date et en ce lieu. Et des mobiles personnels sont inconcevables, tant de la part de Hitler que d’un couple qui ne pense qu’à se couler dans ses volontés.
Reste l’ajout indû d’une victime à la Shoah, comme si les millions connus et prouvés étaient jugés insuffisants.
Un débat sur le blog de Pierre Assouline
résumé ici