Lettres
Génocide vaincu
"Vole vole papillon" de Virginie Reisz
collection Arcanes (Gallimard / Joëlle Losfeld), 2003
Il venait de Bratislava. Avait été arrêté comme Juif. Débusqué d’une cachette. Il est question de prison avec quelques détails, de camp une seule fois sans plus. Devenu docteur en droit, s’exile de la Tchécoslovaquie communiste en 1948 après un tabassage policier. Erre pendant vingt ans. S’échoue à Paris où, en 1970, il est l’auteur des jours de l’auteur. Meurt à la fin du siècle, après sa femme pourtant beaucoup plus jeune. Le texte, très court, esquisse le souvenir qu’il laisse à sa fille, après une vieillesse rendue pénible par le handicap et invivable par le veuvage. Elle avait essayé de le soutenir, mais avait mal su lui dire que c’était par désir, non par devoir, et lui faire mesurer l’assurance qu’elle tirait de sa force. Il n’aimait pas parler du génocide et, pratiquant, doutait du sionisme. Il part, elle écrit.
autres oeuvres :
L’insulaire (2004)
Collision (2005)
François Delpla,
le 9 avril 2005